Près du camp

Sombrecoeur s'étira lentement, et -réprimant un baillement- observa le paysage autours de lui.
La plaine scintillait sous la lumière matinale, les rayons du soleil faisant miroiter les milliers de petites gouttelettes de givre qui habillaient l'herbe folle.
Sur le versant d'en face, on pouvait deviner l'activité des humains qui commençaient leur journée. En effet, même si la meute avait quitté ses terres depuis plusieurs années, la contrée restait imprégnée de leur aura, et aucun vampire ni lycan n'avait osé aventurer par delà ses limites.
Les rumeurs sur les passages du loup blanc assuraient à elles seules la sécurité et l'intégrité des frontières.

Son épaule droite craqua, et le lycan reposa les bras. Prenant une grande inspiration pour profiter de l'air frais ambiant, il plongea la main dans sa sacoche, en retira une tranche de boeuf séché, et la macha lentement, attendant paresseusement que ses muscles se réveillent eux aussi.
Il savait qu'il lui restait un à deux jours de marche avant d'atteindre le camp. Il était arrivé la veille jusqu'à l'orée de la forêt, et avait décidé de bivouaquer là.

Tout en finissant sa viande, il se demanda si il avait des chances d'être reconnu, si d'aventure il croisait un ancien membre de la meute.
Sortant un petit miroir patiné, il passa la main dans sa barbe naissante et regarda son reflet.
Ses cheveux autrefois blancs avaient retrouvés une teinte plus sombre, oscillant entre le châtain et le brun, et retombaient sur ses épaules, plus larges qu'autrefois.
Ses joues étaient mangées d'une jeune barbe de quelques jours, et son visage autrefois un peu juvénile semblait à présent taillé à coup de couteau, marqué de quelques cicatrices.
Seuls ses yeux n'avaient pas changés, d'un bleu-gris acier où semblait dormir une folie furieuse.
Baal avait été totalement exorcisé, cela lui avait pris 5 ans. Il avait par la suite perdu la faculté de recourir à la magie, mais en contrepartie avait développé une certaine résistance à cette dernière. Mais son âme avait été irrémédiablement souillée par le démon, et même sans lui, il pouvait facilement sombrer dans des états de rage et de folie meurtrière.

Rangeant ses affaires, il se releva de l'arbre sur lequel il était appuyé, s'épousseta d'un revers de main et remis son manteau. Il vérifia une dernière fois que sa besace était bien attachée, puis s'enfonça dans les bois.